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chez son fermier les brigands ravisseurs de Clément de Ris. Ce fut tout. Il ne l’interrogea pas : on le sait par les déclarations mêmes de Lacroix, qui, aux débats, dit avoir donné le nom d’Armand parce qu’on l’interrogeait chez le Préfet de Police ; si on l’eût mené chez le Ministre, qui savait son innocence, il n’eût pas hésité à faire connaître son vrai nom.

On voit que, soit promesses réellement reçues, soit fausse interprétation des paroles de Sourdat, les époux Lacroix se croyaient couverts par la protection du Ministre. Seule, à l’entendre, cette confiance avait amené Lacroix à Paris, où il était venu pour obtenir la mise en liberté de sa femme.


IV

Son arrestation portait à huit le chiffre des prévenus retenus. C’était peu, si l’on observe que, dans le nombre, pas un ne pouvait être inculpé, avec certitude, d’avoir fait partie des ravisseurs. C’était beaucoup, c’était trop au sentiment de certains : « On a fortement crié et soulevé des haines contre moi, écrivait le Directeur du Jury, à cause des mandats que j’ai pu lancer. On m’a même accusé d’avoir voulu faire arrêter une commune entière[1]. » Si excessif que fût le reproche, qu’avait-on recueilli, depuis deux mois, des confrontations multipliées entre les détenus et les témoins ? Contre Cassenac et Monnet, aucun indice. Contre Jourgeon, la preuve qu’il était étranger à l’enlèvement, et la preuve, résultant de ses propres aveux, qu’il avait, par ordre et sous contrainte,

  1. Lettre du 14 brumaire. Archives nationales, F7 6265.