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générale. Ils l’ont étudiée par rapport à celle-ci, non dans son rapport avec la vie, jusqu’ici peu ou mal connue de Clément de Ris. De là, des inexactitudes de faits, des outrances d’appréciations, jetant sur la personne du Sénateur, sur son rôle et son attitude en la circonstance, un discrédit excessif autant qu’exclusif. On l’a transformé en conspirateur à l’heure où, excédé des orages passés, il aspirait, sans plus, à la sécurité de lendemains ne livrant rien aux hasards. Ou, par excès contraire, on a poussé son portrait jusqu’à la charge : on s’est plu à ne voir en son aventure que le côté plaisant ; on l’a représenté d’une résignation angélique, d’une bonhomie phénoménale, candide jusqu’à la stupidité, pusillanime au point que l’ombre de son geôlier eût suffi à le garder, personnage grotesque, plus digne de risée que de pitié, et l’on s’est égayé à ses dépens[1]. Ce fantoche est pourtant le même homme qui, en 1794, Administrateur du département d’Indre-et-Loire, était vanté pour son entente des affaires, sa présence d’esprit, son énergie à tenir tête aux Carra, aux Ronsin, aux Senard, aux exaltés de la Légion germanique. Ce fantoche, durant plus d’un demi-siècle, les Sieyès, les Tallien, les Chaptal, les

  1. Carré de Busserolle, la duchesse d’Abrantès, Lenôtre. ─ « Il fut délivré dans une partie de Colin Maillard et de Quatre coins. » Duchesse d’Abrantès. ─ « L’infortuné Sénateur était fort mal à son aise ; outre que l’exercice du cheval lui était peu familier (assertion inexacte car il était fort bon cavalier) ce sont de mauvaises conditions, pour apprendre l’équitation, que de chevaucher, par une nuit très noire, dans un bois très fourré, entre six brigands dont on guette les moindres gestes (il vient de dire qu’il avait les yeux bandés !) quand on n’a pas assez de toute son attention pour surveiller son cheval, qui rue de façon à désarçonner Franconi lui-même. » Lenôtre.