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leur chambre : « Paix-là, interrompit le chef, il sera bien ici » ; Lacroix ajouta : « Nous sommes les maîtres, et nous voulons qu’on nous obéisse. » Jourgeon énuméra, – on les sait déjà, – les services qu’on avait exigés de lui : la conduite faite à Petit ; son rôle dans la délivrance ; ses gardes dans le souterrain, de conserve avec l’un des brigands ; ses soins pour alléger la rigueur de la réclusion ; son espoir de trouver pour lui chez les Juges autant de compassion qu’il en avait montré pour le prisonnier. Son crime, son seul crime était d’avoir obéi aux ordres de ses maîtres. Ceux-ci venaient de temps à autre, Lacroix, à pied, en chassant ; sa femme, en charrette, apportant des vivres qu’elle préparait elle-même. À chaque voyage ils avaient de longs conciliabules avec le brigand de garde. On lui demanda pourquoi il n’avait pas averti les autorités ? ─ Par ordre de Lacroix, dit-il, et aussi par crainte des menaces de mort des brigands. ─ S’il avait revu ceux-ci ? ─ Il n’en avait revu aucun. Seul Lacroix, au lendemain de la délivrance, était venu s’informer du lieu où l’on avait laissé le prisonnier.

Tous les gens amenés du Portail avec lui confirmèrent sa déposition. Faute de preuves, on relaxa les enfants et la femme, qui, toutefois fut avertie de se tenir à la disposition de la Justice. Les deux valets furent gardés en dépôt, comme ayant l’âge de la réquisition : « Cela permettra, écrivait le Directeur du Jury, de les avoir sous la main en cas de nouvelles charges. » Jourgeon fut retenu « encore qu’il n’eût été qu’un instrument ».

L’affaire passait du domaine de la Police dans