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ne pouvait plus les toucher, – ce qui le sauvait d’une mauvaise posture auprès du Ministre, – la supposition n’a rien de contraire à ce qu’on sait et du caractère de Fouché, et de celui de Gondé. Rien non plus ne la confirme absolument ni dans le dossier de Gondé, ni dans celui de Clément de Ris, ni dans les pièces de la procédure ou du jugement. Même une note du Ministre de la Justice, en date de l’an XII, affirme que la conduite de quelques femmes[1], complices dans l’enlèvement du Sénateur, ayant donné lieu à l’arrestation de ses complices et à leur jugement, Gondé craignit d’être compromis et passa en Angleterre[2]. Parmi les royalistes, la croyance en sa trahison fut générale, et son ardeur à s’en défendre indique qu’il n’avait pas la conscience bien nette. Il est certain aussi qu’après l’arrestation de de Canchy et de de Mauduison, il vécut, de son aveu même, sur un perpétuel qui-vive.

Rester à Paris était dangereux. Sophie Saint-Pierre lui avait trouvé au Mans, moyennant quatre cents francs de pension, un modeste asile ; mais « on n’était pas trop disposé à l’y recevoir ». Il décida de se réfugier à Lyon. Le voyage n’était pas sans péril et ne se fit pas sans encombre. Pour éviter la surveillance exercée au départ des diligences, il était allé, en promeneur, avec sa maîtresse, jusqu’à Melun. « Là, on leur dit que la voiture de Paris à Lyon était pleine, mais qu’il se pourrait que celle d’Auxerre ne le fût pas. Effectivement, il s’y trouvait deux places, et, sous le nom de M. et de Mme  Lebrun, ils montèrent. »

  1. Mme  Lacroix et la femme Jourgeon.
  2. Archives nationales, F7 6265.