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22 nivôse, le Préfet de Loir-et-Cher le signalait comme ayant, de complicité avec Aubereau, pillé la diligence d’Orléans et tenté d’enlever la recette particulière de Vendôme ! La mesure était comble. Fouché donna ordre de le rechercher et de le livrer à la Justice[1]. Doué d’un égal génie pour attirer et pour esquiver les poursuites, Gondé échappa : il était à Paris, caché « dans un logis que lui avait déterré sa maîtresse[2] », laquelle, à son instigation, courait le Maine, pour avertir de Canchy et de Mauduison, deux de ses co-ravisseurs, de se tenir sur leurs gardes : on se disposait à les arrêter. Elle arriva trop tard ; déjà la Police les tenait.

Telle est, sur ce point, la version de Gondé. Il en existe une autre, fort accréditée. De Canchy et de Mauduison auraient été arrêtés sur la dénonciation de Gondé. Laquelle est la vraie ? Il semble que ce soit la seconde.

Qu’effrayé d’un emprisonnement rouvrant le danger d’être impliqué dans les poursuites, Gondé, de retour à Paris, ait, contre échange de sa liberté, livré les noms de ceux de ses complices qui avaient dédaigné les avances du Ministre[3] ; que Fouché ait accepté – ou provoqué – un marché tout à son avantage, car il permettait de produire de vrais coupables et assurait le silence de Gondé ; que, pour cacher sa vilenie, Gondé ait fait mine de prévenir ceux qu’il trahissait, – il se couvrait ainsi aux yeux du parti, – mais les ait prévenus à l’heure où l’avis

  1. Le 1er pluviôse.
  2. Chez une femme Richard.
  3. Voir page 147.