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compromis pour un délit, fut retenu pour un crime.

Survint l’attentat de nivôse. Nombre de gens, jusqu’alors oubliés, volontairement ou involontairement, se virent inquiétés. Gondé en fut. Par ordre du Préfet de Police, le sieur Antoine Clément, Commissaire de la Division du Pont-Neuf, se transporta, le 5 nivôse, 315, rue des Moineaux, à la Maison de Bretagne, où Gondé était, avec sa maîtresse, la fille Sophie Saint-Pierre. Il fouilla les meubles et les armoires, trouva des cartouches, des sabres, un chapeau à trois cornes garni d’une ganse blanche, et, ce qui le surprit davantage, deux cents paires de guêtres : « C’est, dit Gondé, un stock provenant de la guerre de Vendée, et que je cherche à vendre. » Sur ces entrefaites arrivèrent deux visiteurs, que le commissaire, sans leur donner temps de prendre haleine, somma d’exhiber leurs papiers. Le premier dit s’appeler Bénard[1], originaire du Calvados, logeant dans ses meubles, 26, rue Avoie, et montra un permis de séjour pour trois décades, avec prolongation datée du 23 frimaire. Le second présenta un passeport du 26 brumaire, au nom de Jean-David-Charles de Mauduison, de la Ferté-Bernard, se rendant à Mamers ; arrivé à Paris la surveille, fort avant dans la nuit, il était descendu à la Maison

  1. Bénard ne serait-il pas Renard, – celui des ravisseurs de Clément de Ris (voir page 85) qui ne fut jamais recherché semble-t-il ? Il aurait, – tout comme Mauduison s’inscrivant sur le registre du logeur de Touraine sous le nom de Dubuisson, – modifié la partie initiale de son nom, altération légère, suffisante à dérouter les recherches de la Police, mais laissant, par la similitude de la partie finale, le nom reconnaissable pour ceux des affidés qui auraient intérêt à s’assurer de leur présence ou à suivre leurs traces.