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du Préfet et du Directeur du Jury, il les déclara étrangers à son enlèvement, mais n’obtint pas leur mise en liberté. Réputés complices, ils furent transférés à Paris[1] et incarcérés au Temple, plus tard à Sainte-Pélagie. Leur avocat, maître Blain, fit appel à son intervention : l’attentat de Beauvais était un prétexte ; ses clients étaient victimes d’une vengeance particulière ; des individus tarés et connus pour tels à Tours les avaient dénoncés pour des propos hostiles au gouvernement[2]. ─ « Si la liberté de vos clients dépend de moi, répondit Clément de Ris, elle sera bientôt prononcée, et soyez assuré que j’y ferai tout mon possible. Je voudrais de tout cœur que personne ne fût immolé pour ma cruelle aventure et qu’elle pût être oubliée. Mais il me sera toujours affreux de voir compromis par une dénonciation calomnieuse des hommes qui en sont innocents. Je ne m’en consolerais jamais. » Il vit le Ministre ; il le vit plusieurs fois. Celui-ci fut irréductible ; les portes de la prison ne s’ouvrirent pas.

De leur cachot, les prisonniers relancèrent le Sénateur[3]. Ils se firent suppliants ; ils se firent menaçants : « N’entendez-vous pas dans le fond de votre âme la voix de nos malheureux enfants qui vous demandent leur père ?... Monsieur Clément de Ris, tant que je n’aurai pas acquis la certitude que vous aurez employé les moyens nécessaires pour obtenir ou liberté, ou jugement, je vous accuserai d’être l’auteur de tous mes malheurs.

  1. Le 29 vendémiaire.
  2. Lettre du 30 vendémiaire. Correspondance privée de Clément de Ris.
  3. Lettres des 1er, 11 et 27 brumaire. Ibid.