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Cette pièce[1] éclaire d’un jour singulier les circonstances qui ont précédé, accompagné, suivi la libération de Clément de Ris. Il faut y joindre une lettre écrite par Carlos Sourdat, lors des débats, au Président du Tribunal de Maine-et-Loire. Il y expose tout au long son rôle[2], et ses révélations complètent, confirment, ou parfois corrigent les déclarations faites à l’instruction par le fermier Jourgeon et par les époux Lacroix. Avec les Mémoires de Desmarets, ce seront nos principales sources pour cette partie de notre étude.

Devant l’impuissance des autorités locales à découvrir la cachette du Sénateur, Fouché avait pensé que le plus sûr moyen d’obtenir des indications était de s’adresser à ceux qui pouvaient avoir conçu l’idée, ou contribué à la préparation, ou reçu la confidence du coup. Dans sa conviction, celui-ci était l’acte des chouans ; il fallait donc s’adresser aux royalistes. Sa tactique vis-à-vis d’eux était de s’en prendre aux chefs du parti pour les écarts des subalternes. En pareil cas, il avait trouvé aide en Bourmont, un des hommes les plus compromis, mais le mieux informé de la faction royaliste. Il le fit pressentir. Refuser était dangereux ; c’était s’exposer à la prévention de complicité[3].

  1. Elle figure au dossier Bourmont. Archives nationales, F7 6232.
  2. Contemporaine des faits, cette lettre, – dans laquelle il faut toutefois tenir compte du désir d’atténuer la responsabilité de la femme Lacroix – a, selon nous, une tout autre valeur qu’une lettre du même, dont Carré de Busserolle appuie ses conclusions. Cette seconde lettre, écrite « à un moment où Sourdat n’avait plus rien à craindre de Fouché » c’est-à-dire sur souvenirs, et dont le brouillon, conservé, aurait été, en 1888, recopié par M. de Loverdo, rentre dans la catégorie des arguments invoqués par Crétineau-Joly qui aurait reçu, plus tard, les confidences de Bourmont.
  3. Mémoires de Desmarets.