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source, et le silence fut au contraire si bien, si constamment gardé par Clément de Ris, qu’il a jusqu’à présent pesé lourdement sur sa mémoire. On lui recommanda le silence, comme promis aux brigands, au nom du Ministre, en échange de sa liberté. Dès lors Clément de Ris se crut tenu de ne rien dire, au même titre que si la promesse était venue de lui. Lorsque, plus tard, Fouché manqua à l’engagement pris, le Sénateur y resta fidèle, et on lui reprocha de s’être tu, comme on lui eût sans doute reproché d’avoir parlé, dans le cas contraire.

Ses libérateurs quittèrent Beauvais le soir même.

Le lendemain Clément de Ris écrivait à Fouché :

« Il y a vingt-quatre heures que je suis libre, citoyen Ministre. Les quatre braves que vous aviez chargés de me rechercher m’ont retrouvé hier, à trois heures après minuit, au milieu de la forêt de Loches, au moment où deux de mes bourreaux me traînaient à cheval, je ne sais où. Ils ont attaqué mon escorte, l’ont mise en fuite à coups de pistolet et m’ont ramené sain et sauf. Les premiers rayons du jour d’hier 19 m’ont permis de lire, avec des larmes de reconnaissance, votre lettre du 16. Il est impossible de faire une commission importante avec plus d’activité, de courage et de célérité. Je vais promptement mettre ordre à mes affaires et aller vous porter tous les renseignements que j’ai sur mon arrestation et mes dix-neuf jours d’horrible captivité. Je vous préviens d’avance qu’ils sont de peu d’importance, à cause de la circonstance des yeux bandés. Recevez, citoyen Ministre, l’assurance de