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et non moins indéniable, de la bonne foi de Mme Clément de Ris : c’est le reçu[1] portant restitution, à la date du 14 vendémiaire, des sommes prêtées le 6, en vue de cette rançon, par les frères Gouin d’une part et le citoyen Lhéritier de l’autre, sommes s’élevant ensemble au total de vingt-quatre mille francs. Mme Clément de Ris avait, pour se libérer, jusqu’au 6 brumaire. Ce remboursement anticipé n’est-il pas signe qu’au 14 vendémiaire son intention était bien de suivre les conseils de Sourdat et de ne pas payer ?

Que conclure de cette contradiction ? Verra-t-on là une nouvelle feinte ? le désir de cacher, par une restitution patente, le dessein d’emprunter ailleurs en secret, et de poursuivre ainsi plus sûrement son idée première ? C’est prêter à la malheureuse, prise entre les suggestions de sa tendresse alarmée et les sollicitations de ses conseillers, une duplicité étrangère à son caractère, une maîtrise de soi peu compatible avec l’affolement de l’heure présente. Nous croyons plutôt que, sincère en son intention au moment où elle s’était engagée vis-à-vis de Sourdat, sincère en sa promesse au Préfet de rester fidèle à cet engagement, quand, ensuite, elle avait vu les heures, les jours s’écouler sans amener la délivrance attendue, dominée par ses craintes, ébranlée dans sa confiance, par un brusque revirement de passion que comprendra toute femme vraiment femme, elle s’était, dans un sursaut de colère, rattachée à son dessein d’agir par elle-même et de rentrer directement en composition avec les brigands. Elle avait cherché, trouvé de nouveaux prêteurs[2].

  1. Voir aux Annexes.
  2. Qui ? nous l’ignorons. – Aucune pièce, ni aux Archives, ni parmi les papiers privés de Clément de Ris, ne renseigne sur ce point.