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Je crois avoir tiré le meilleur parti de la situation où j’étais. »

Le Général Liébert attribuait également aux indiscrétions, ou plutôt au manque de discrétion de Mme Clément de Ris, l’insuccès de l’entreprise : « Chacun a su[1] quel jour les fonds avaient été réunis, en quelles espèces, quand ils sont partis, par qui ils ont été portés, pour quelle destination... » Faisant sienne l’hypothèse du Préfet de Loir-et-Cher, qu’avant de quitter Blois Mme Clément de Ris avait probablement prévenu les brigands d’ajourner la recette des cinquante mille francs, il concluait : « Je le répète, la citoyenne Clément de Ris fera tout ce qu’elle pourra pour éluder la surveillance de la force armée, afin de délivrer les fonds pour assurer la vie de son mari, et c’est cette crainte qui fera peut-être échapper les voleurs[2]... »

Quant à Fouché, indulgent au Préfet de Blois, – auquel il savait gré d’une critique témoignant de la duplicité de Savary – il le félicitait, et réservait ses blâmes au Préfet de Tours. Il ne lui pardonnait ni sa condescendance aux désirs de Mme Clément de Ris, ni sa mollesse à agir, ni sa complaisance à se mettre à la remorque de l’Aide de camp du Premier Consul. Il raillait ce luxe d’agents mis en campagne « pour surveiller une simple remise de fonds, et dont la démonstration hostile avait favorisé la fuite des coupables. ─

  1. « L’enlèvement du Sénateur Clément de Ris a excité une douleur générale. Une lettre de Tours, en date du 9 vendémiaire, annonce que ses ravisseurs demandent 2000 louis d’or et que sa malheureuse épouse tient cette somme prête. » Rapport de police.
  2. Lettres au Ministre de la Guerre (12-13 vendémiaire). Archives historiques de la Guerre.