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LA SOUMISSION DE L’HOMME

longtemps il avait témoigné une amicale condescendance ! Non vraiment ; il ne le pourrait ! D’ailleurs, ne risquait-il pas, en acceptant, de manquer une autre occasion, quelque chose de moins temporaire et qui d’un jour à l’autre pouvait se présenter ?

Il était une heure. Son médecin, qu’il n’avait vu de plusieurs mois, lui avait donné rendez-vous pour deux heures et demie. Il s’y rendit lentement.

— Docteur, on m’offre une situation. Une belle situation mais avec de grosses responsabilités. Et de longues heures de travail. Des voyages rapides, impromptus, par tout le Canada. Même en avion. Dites-moi si je dois accepter ?

Au sortir de là, il téléphona à Leblanc.

— Ce que ça m’ennuie, mon cher ! Mais le docteur n’a rien voulu comprendre. Je suis au repos encore pour six mois. Tu parles d’un avenir ! Mais après cela, docteur pas docteur ! je me lance. Et tu verras. J’ai quelque chose dans l’idée.

Du bout du fil téléphonique, il ne put évidemment saisir le sourire amusé de Leblanc ; ni le clin d’œil que celui-ci fit à sa secrétaire qui attendait calmement, son carnet sur les genoux.