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l’étranger


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— Et puis ? demandai-je à mon ami Dalbret.

— Et puis c’est tout. Je lui envoyai le soir même ce qu’il m’avait tout d’abord demandé : parfaitement, de l’opium. J’attendis un remerciement qui ne vint pas. Le lendemain, je téléphonai à l’hôtel ; il était parti. Un an après, jour pour jour, je recevais cette coupe. Des années ont passé. J’ai écrit, il y a maintenant deux ans, à la Légation britannique à Téhéran la priant de me faire connaître s’il avait existé et s’il existait encore à Démavend un homme du nom de Naïb Mohammad Isfahani.

« Voici la réponse que je reçus. Je ne l’ai pas communiquée à sa mère qui vit encore. Lisez. »

Et je lus sur le papier à en-tête ce qui suit :

Téhéran, 14 avril 1924.
Monsieur,

En réponse à votre lettre du 4 janvier, je dois porter à votre connaissance qu’un nommé Naïb Mohammad Isfali ou Isfahati, sans doute celui qui vous intéresse, a été tué à Démavend il y a quelques mois, le 12 août de l’an dernier, au cours d’une émeute où deux sujets américains qui avaient voulu pénétrer dans une mosquée furent assassinés par la foule. Le fils du sus­nommé devait être arrêté par ordre royal sur les représentations des Légations et à la suite de cette émeute à laquelle le père et le fils avaient pris une part prépondérante. On le dit réfugié en Afghanistan.