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Ce fut d’abord un repas. Et devint une fête, à peine sait-on comment. Les hautes flammes flamboyaient, les voix frémissaient, de confuses chansons s’égrenaient des verres et des lumières, et enfin des rythmes doucement mûris : jaillit la danse. Et tous elle les entraîna. C’était un battement de vagues dans les salles, on se rencontrait et se choisissait, se disait adieu et se retrouvait, se grisait d’éclat, s’aveuglait de feux et se balançait dans les vents d’été qui sont dans les robes des femmes toutes chaudes.

Du sombre vin et de mille roses, l’heure s’écoule bruissante dans le rêve de la nuit.