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COMMENT LE VIEUX TIMOFEI
MOURUT EN CHANTANT

Quel bonheur de raconter à un paralytique ! Les hommes bien portants sont si peu stables ; ils considèrent toutes choses, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, et lorsque pendant une heure on a marché avec eux et qu’ils se tenaient à votre droite, il arrive que tout à coup ils vous répondent à votre gauche, parce qu’ils se sont avisés que ce serait plus poli et que cela témoignerait d’une meilleure éducation. De la part d’un paralytique on n’a rien de pareil à redouter. Son immobilité le rend semblable aux objets avec lesquels il entretient en effet les relations les plus intimes. Et il est en quelque sorte lui-même un objet, un objet