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mis en fuite les bandits de Riel. Voilà les expressions dont il se servait pour qualifier le Président du Gouvernement Provisoire et ses soutiens.

Quelques jours plus tard arriva le Lieutenant-Gouverneur Canadien. Mais il ne prit les rênes du gouvernement de notre pays que pour consommer l’acte de perfidie insigne dont le Canada nous faisait les victimes. Il s’installa sans remplir la condition sine qua non de l’amnistie.

Ainsi, le gouvernement canadien a rompu dès le commencement le traité solennel qu’il a fait avec le gouvernement Provisoire.

De plus, le gouvernement canadien nous a fait faire des propositions amicales par le Vicaire Général, le révérend J. B. Thibault, par M. le colonel de Salaberry ; et quand eûmes accepté son amnistie, il s’est moqué de nous.

Il s’est moqué des assurances publiques, formelles et spontanées d’amnistie qu’il nous a données, dans le mois de janvier 1870, par la bouche de M. D. A. Smith, maintenant surintendant de l’Honorable Compagnie de la Baie d’Hudson, dans Manitoba et le Nord-Ouest.

Il s’est moqué de sa parole d’honneur qu’il nous a donnée spontanément en faveur d’une amnistie, dans le mois de mai 1870, par la bouche de Sa Grâce, le dévoué archevêque de St. Boniface.

La confédération canadienne pour Manitoba et le Nord Ouest est donc une supercherie.

Il y a trois ans et demi que cet état de choses existe. Mais les anciens habitants de la terre de Rupert et du Nord-Ouest n’ont jamais cessé de réclamer ce qui leur appartient, ce que le gouvernement canadien leur doit à tant de titres. Et aujourd’hui plus que jamais, ils le réclament avec force. Ce que nous demandons, c’est l’amnistie : c’est l’exécution loyale de l’Acte de Manitoba. Rien de plus, mais aussi rien de moins.

LOUIS RIEL.
Janvier 1874.