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Le pays était redevenu calme. Le 22 mars le gouvernement provisoire expédia ses délégués vers la capitale du Canada.

Chaque délégué reçut la lettre de créance que voici :


Monsieur,

Le Président du Gouvernement Provisoire d’Assiniboine, en conseil, vous, monsieur …… en compagnie de messieurs …… afin de vous diriger à Ottawa, en Canada, et que là vous placiez devant le gouvernement canadien la liste qui contient les conditions et les propositions sous lesquelles le peuple d’Assiniboia consentirait à entrer en confédération avec les autres provinces du Canada.

Signée ce 22ième jour de Mars, en l’an de Notre Seigneur mil huit cent soixante-dix.

Par ordre
THOMAS BUNN, Secrétaire,
Siége du Gouvernement, Winnipeg Assiniboïa.


À l’arrivée de nos délégués à Ottawa, on voit comme Schultz, Mair, Lynch et autres tâchèrent de les accabler, en soulevant contre eux les préjugés de races et de religions. Le Dr Lynch fut annoncé et poussé en avant comme le véritable délégué du Nord-Ouest. Mais en réalité l’exécution de Scott, en rétablissant la paix, avait privé ces hommes de l’appui qu’ils avaient jusque-là trouvé dans nos troubles ; et elle avait nullifié leur influence à Ottawa. Aussi le Dr Lynch ne fut point reconnu comme délégué du Nord-Ouest.

Alors, pour se dédommager de la ruine de leurs projets, nos ennemis s’efforcèrent de nous rendre fatale à nous-mêmes l’exécution de Scott, et à cette fin ils ne cessèrent de lui prêter aux yeux de l’opinion publique des circonstances horribles et des motifs injustes. Ils entreprirent de détruire la force morale du gouvernement lui-même, en faisant passer ses membres et ses soutiens pour des rebelles et des usurpateurs, etc. ; en représentant la mort de Scott comme un meurtre simplement exécrable. Nos délégués furent indignement arrêtés et trainés devant les tribunaux.