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La rébellion est considérée comme un parricide et punie de mort ; tout citoyen doit regarder le chef de l’État et l’Impératrice comme ses père et mère. À la mort de la dernière impératrice, la nation entière prit le deuil pendant un mois, et les mandarins, en signe de désolation, ne se, firent la barbe qu’au bout de cent jours. Le pouvoir des pères est absolu. Quelque âgés que soient les enfants et de quelque charge qu’ils soient revêtus, ils sont soumis à l’autorité et à la justice paternelle. Une mère, elle-même, peut faire donner la bastonnade à son fils, fût-il mandarin. Si un père cite son enfant devant le magistrat, il est dispensé de produire aucune preuve, et sur sa seule déposition l’accusé est condamné. Frapper son père ou sa mère suffit pour mériter la peine capitale. Le corps du coupable est coupé en morceaux et jeté au feu ; sa maison est rasée, ainsi que les maisons voisines, et sur leur emplacement on élève un monument pour éterniser le souvenir de l’attentât et du châtiment.

Enfin, grâce à l’heureuse influence des lettrés et à l’institution des concours, les hommes instruits et lettrés peuvent seuls parvenir aux principaux emplois : c’est ce qui rend si fort et si admirable le gouvernement chinois. La noblesse héréditaire n’existe point dans le Céleste Empire. Toutes les distinctions sont personnelles et uniquement attachées aux emplois qu’on exerce. Seulement lorsqu’un homme a rendu de grands services à l’État, on ennoblit ses ancêtres jusqu’à la neuvième et dixième génération ; mais cette faveur ne s’étend point sur ses enfants. C’est, comme on l’a dit, une noblesse viagère et ascendante. Malgré les abus qui ont pu se glisser dans l’administration, malgré l’arbitraire ou le ridicule de certaines coutumes, les institutions chinoises n’en sont pas moins remarquables et dignes d’éloges. L’Europe, si fière de sa civilisation, est, sous ce rapport, fort en arrière de la Chine.