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aussitôt son jugement pour les affaires civiles ; la quatrième cour souveraine de Pékin, ministère de la justice et de la guerre, est chargée des causes capitales. Les supplices en usage pour les grands crimes sont la strangulation et la décapitation. Les exécutions ont lieu ordinairement sur les places publiques : le bourreau est considéré comme un personnage de distinction, il porte la ceinture jaune, ornement distinctif des princes du sang. La bastonnade et le fouet sont les châtiments les plus ordinaires ; ils n’impriment aucune flétrissure, et les mandarins eux-mêmes y sont exposés. Le patient reçoit de vingt à cent coups ; quand l’exécution est terminée, il doit se prosterner aux pieds du juge et le remercier. Un autre châtiment assez en usage est celui de la cangue. C’est un carcan composé de deux tables de bois, épaisses d’à peu près 16 centimètres, et larges d’environ 64 centimètres carrés. Ces tables sont échancrées et on les assemble par de fortes chevilles sur les épaules du patient qui ne peut voir ainsi ses pieds, ni porter la main à sa bouche. Cet instrument incommode, qui pèse ordinairement 50 à 60 livres, ne le quitte ni jour ni nuit ; et pour qu’on ne soit pas tenté d’enlever les chevilles, elles sont couvertes de bandes de papier marquées du sceau impérial. Quelquefois on condamne le coupable à porter la cangue plusieurs mois, et à se montrer ainsi tous les jours dans les marchés ou à la porte des temples. Les prisons chinoises sont tenues avec soin. L’État ne nourrit point les détenus, mais on leur permet de travailler pour gagner leur vie. Quand un prisonnier vient à mourir, son corps ne passe point par la grande porte de la prison, mais par une ouverture pratiquée dans l’épaisseur du premier mur et qui ne sert qu’à cet usage. De là l’imprécation des Chinois : « Puisses-tu passer par le trou de la prison ! »

Le gouvernement de la Chine a pour base deux lois fondamentales : l’obéissance due à l’Empereur et le respect envers la famille.