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qui s’empara d’abord, comme point de défense, de Chusan, groupe d’îles sur les côtes de la Chine. Cela se passait au mois de juillet 1840. La capitale de Chusan, Ting-haï, tomba au pouvoir des barbares aux cheveux rouges (les Chinois appellent ainsi les Anglais), après un simulacre de défense ; les indigènes ne manquaient pas de courage, mais il leur était impossible de résister à de pareils ennemis[1]. Nous croyons qu’on ne lira pas sans intérêt la description suivante de la capitale de Chusan, faite par un témoin oculaire[2] :

« La ville de Ting-haï ou Tinghaï-hin occupe une vaste superficie à l’extrémité d’une vallée ou plutôt d’une gorge. Les hauteurs voisines sont couvertes d’arbrisseaux sauvages, parmi lesquels on remarque surtout l’arbre à thé, croissant à l’état naturel. Elle est assise dans un fond, entourée de magnifiques rivières, excepté d’un côté, où s’élève une belle colline dominant toute la ville, couverte de bouquets d’arbres superbes, et dont une partie est enfermée dans les murs et les fortifications qui ceignent la place. Deux routes pavées descendent à travers les faubourgs jusqu’au bord de la mer, sur une distance de trois quarts de mille, que commande dans tout son parcours la colline sur laquelle s’élève le temple. Les bâtiments, à l’intérieur et à l’extérieur, semblent être, pour la presque totalité, de grands magasins à l’usage des marchands de la ville, et sont commodément disposés pour le chargement, et le déchargement des marchandises. Ting-haï est environné d’un mur, large de seize pieds environ, et haut de vingt ; il a quatre portes orientées sur les quatre points cardinaux ; il est traversé par quatre rues se coupant à angles droits, et dont la principale est celle qui conduit à la face du sud donnant sur la

  1. Les Anglais leur ont rendu justice. « S’ils cédèrent presque sans combat, dit l’un d’eux, c’est que nos moyens d’action étaient écrasants et leurs moyens de défense presque ridicules. »
  2. Lord Jocelyn, secrétaire militaire de la mission anglaise envoyée en Chine avec l’expédition.