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Tartares occidentaux m’enlèvent aujourd’hui mon empire, demain ils prendront le vôtre. »

Cette terrible prophétie se réalisa. L’empire des Tartares orientaux, qui n’existait que depuis cent dix-sept ans, fut renversé ; mais les vainqueurs, sous la conduite du terrible Gengiskan (Tchinggis-khan), le fléau de Dieu, fondèrent un nouvel empire dans les provinces du Nord et envahiront toute la Chine en moins d’un demi-siècle. Enfin, un de leurs chefs, Khoubilaï-khan (en chinois Hou-pi-lie), renversa le dernier empereur chinois et fonda la vingtième dynastie. Ce fut en 1280, qu’un Tartare mongol, un petit-fils de Gengiskan, anéantit une monarchie qui datait déjà de près de quatre mille ans, et imposa pour la première fois à la Chine des souverains étrangers. You-pi-lie (que les Chinois appellent aussi Youan-chi-tsou), homme vraiment supérieur, rétablit dans l’Empire l’ordre et la sécurité. Entouré d’hommes distingués, parmi lesquels il faut citer le général Pe-yen qui fit presque à lui seul toute la conquête de la Chine, il s’occupa sans cesse de ramener la prospérité dans ses nouveaux États et de faire chérir sa domination. Habile politique, il ne changea rien dans la forme extérieure du gouvernement, et il eut soin de se conformer lui-même aux mœurs et au génie du peuple chinois. Aussi, malgré la résistance des indigènes qui luttèrent avec courage jusqu’au dernier instant, You-pi-lie établit-il son pouvoir sur des bases solides. Le grand homme mourut à l’âge de quatre-vingts ans dans la ville de Pékin qu’il avait fondée[1], laissant un empire tranquille, prospère, et dont la domination s’étendait depuis la mer glaciale jusqu’à la mer des Indes.

La dynastie des Tartares mongols semblait devoir être immor-

  1. Il fit aussi construire ou achever le grand canal qui traverse la Chine dans toute sa longueur.