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sans sourciller, et aussitôt il leur fit couper les jambes, afin d’examiner, dit-il, en quel état se trouvait la moelle de leurs os. L’indignation était générale ; un des petits princes feudataires de l’Empire, Wou-wang, marcha contre le tyran et lui livra bataille. Après un combat acharné, Chéou-sin, mis en déroute, revint à son palais nommé la Tour des Cerfs, qui avait coûté des sommes immenses et avait demandé dix ans de travail ; il se revêtit, de ses habits royaux, se couvrit de ses bijoux les plus rares, et, se jeta ainsi dans un bûcher qu’il avait fait allumer.

Wou-wang : roi guerrier, fondateur de la troisième dynastie, fut un des princes les plus remarquables de la Chine, et ses premiers successeurs ne lui furent inférieurs ni en talents, ni en vertus. L’un d’eux. Ken-wang : roi excellent, paisible, rendait lui-même la justice sous un vieux saule qui est devenu aussi célèbre dans la poésie chinoise que le chêne de Vincennes dans l’histoire de saint Louis. Mais ces princes avaient commis une grande faute qui attira sur le pays de terribles catastrophes. Ils avaient érigé, en faveur des familles puissantes, des principautés qui devaient relever de l’Empire. Il en résulta que ces petits souverains s’agrandirent peu à peu, secouèrent le joug, et bravèrent, le pouvoir royal. Sous le troisième empereur de cette dynastie, tous ces princes qui se disputaient le trône se firent une guerre cruelle, inondant la Chine de sang, et ruinant le pauvre peuple. Ces troubles durèrent plusieurs siècles, pendant lesquels les révoltés installaient ou déposaient l’Empereur à leur gré. Enfin l’an 249 avant l’ère chrétienne, le plus puissant, de ces vassaux révoltés, Tchao-siang, le roi de Thsin, maître déjà d’une partie de la Chine, renversa l’Empereur et fonda la quatrième dynastie.

Ce prince, d’obscure naissance (il descendait, dit-on, d’un palefrenier), essaya de rétablir l’ordre dans L’Empire ; mais sa dynastie ne fut reconnue et bien établie que sous l’un de ses successeurs,