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habillé est placé dans un cercueil de bois de camphre, verni et souvent doré à l’extérieur, rempli de chaux et de coton. Sur la poitrine du mort, on place différents objets, comme une pipe, du tabac, plusieurs pièces de monnaie. Les classes les plus pauvres ne manquent pas à ce cérémonial, quelque coûteux qu’il puisse être.

Je suivis le convoi de la jeune mandarine. Le cercueil, couvert d’ornements et surmonté d’un riche pavillon, était porté sur un brancard par vingt hommes en habits de deuil. En avant, marchaient les parents et les amis de la défunte, suivis de leurs domestiques qui tenaient à la main des petites figures de carton ; puis, venaient les bonzes avec un autel, des instruments de musique, des cassolettes, etc. Derrière le cercueil, étaient les fils de la mandarine, tout habillés de blanc ; puis, dans de grandes litières, ses filles et des femmes, qui faisaient retentir l’air de leurs cris déchirants. C’était un triste spectacle. À quelque distance de ce cortège, venait le convoi de la femme du peuple ; quoique moins riche et moins nombreux, il était également fort imposant et réglé d’après les mêmes rites.

Les tombeaux sont situés, à Pékin, comme dans les autres provinces de la Chine, hors de la ville, et ordinairement sur des collines couvertes de bois. Nous pénétrâmes dans une pelite clairière d’un aspect ravissant, coupée par des bouquets d’arbres séculaires, au milieu desquels s’élevaient des monuments de tous genres, mais le plus souvent ayant la forme de la lettre grecque oméga (ω). Le cortège s’arrêta devant une de ces vastes constructions, destinée aux membres de la famille de la mandarine, et on y porta le cercueil. Ces monuments sont divisés en plusieurs salles, dont la première sert de chapelle ; les autres sont des espèces de caveaux dans lesquels on place les cercueils sur des plates-formes élevées et entourées de vases à parfums. Chacun s’étant prosterné, les bonzes