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reusement je suis obligé de partir après-demain matin. Demain, j’assisterai à la fête des Lanternes. dont je vous ferai la description ; et ce sera ma dernière lettre, du moins de Pékin. Bonsoir.


IV
Le même au même.


Ainsi que je vous l’ai promis hier, je vous envoie la relation de ma dernière journée dans la capitale du Céleste Empire. Malgré un froid un peu vif, — nous sommes au mois de janvier, — Pékin était fort animé, et les toits des pagodes et des pay-leou étincelaient aux rayons du soleil. Ma journée, comme vous allez le voir, a été pleine de contrastes ; elle a commencé par une scène de deuil et s’est terminée par une fête publique.

Il y a quelques jours, une riche jonque s’est heurtée contre la barque d’une pauvre batelière ; toutes les deux ont chaviré, et, malgré les secours les plus prompts, on n’a pu sauver la batelière, ni une jeune mandarine qui se trouvait dans la jonque. Leurs funérailles ont eu lieu aujourd’hui, et je n’ai eu garde d’y manquer. Le deuil, qui est porté pendant trois ans pour l’Empereur et pour les père et mère, est une chose grave et sainte chez les Chinois. Ainsi, les cent premiers jours doivent se passer dans la solitude et on s’abstient de viandes et de liqueurs fortes ; tant que dure le deuil on est obligé de renoncer non-seulement aux plaisirs, mais à toute espèce de fonctions publiques. Voici les renseignements que je me suis procuré sur la manière dont les Chinois ensevelissent les morts. Après avoir embaumé le corps, on l’habille des plus riches vêtements et on l’expose sur une estrade devant laquelle vient se prosterner la famille. Le troisième jour, le corps tout