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en rend deux. Ils se mettent à table, et le mari propose à sa femme de boire ; celle-ci lui fait la même invitation. On leur apporte deux tasses pleines de vin ou de toute autre boisson ; ils en boivent une partie, et versent le reste dans une tasse commune, dont ils se servent tour à tour. Cette dernière cérémonie sanctionne l’union des deux jeunes gens.

Vous désirez sans doute, mon vieil ami, savoir quelle est la condition des femmes en Chine. C’est assez difficile à préciser, car dans ce pays, comme dans le reste de l’Asie, elles vivent dans une retraite absolue. Voici ce que j’ai pu recueillir à ce sujet. Presque tous les riches particuliers ont plusieurs femmes ; mais une seule est reconnue comme légitime. Le divorce, quoique assez rare, est permis. Enfin, si une femme s’enfuit du domicile conjugal, elle est condamnée à la bastonnade, et, si elle a pris un autre époux, le juge peut la condamner à mort. Les femmes ne convolent jamais en secondes noces ; ce serait considéré comme une insulte à la mémoire du mari défunt. D’un caractère, en général, doux et timide, elles ne s’occupent que des soins du ménage, et ne peuvent briller comme nos dames européennes ; cela ne veut pas dire, cependant, qu’elles soient incapables, ni plongées dans une ignorance complète. En parcourant les Mémoires sur les Chinois, d’un homme célèbre de votre société, le révérend P. Amyot, j’ai trouvé une notice fort curieuse sur une femme de lettres qui vivait sous l’empereur Ho-ti, au commencement de l’ère chrétienne. Pan-hoeï-pan (tel est son nom), sœur d’un illustre général, Pan-tchao, et d’un excellent historien, Pan-kou, a laissé un nom vénéré parmi les savants. Elle prit une grande part aux travaux historiques de son frère, et l’Empereur, après lui avoir assigné des revenus et donné un appartement dans son palais même, auprès de la bibliothèque, la nomma maîtresse de poésie, d’éloquence et d’histoire de l’impératrice. Le P. Amyot a traduit un ouvrage de Pan-hoeï-pan, intitulé :