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La foule se dispersa, et je demandai alors à mon guide quelques renseignements sur la manière dont se font les mariages en Chine. Les pères et mères sont maîtres absolus, et ils marient leurs enfants comme ils le jugent à propos. Comme les filles vivent dans la retraite la plus absolue, elles ne connaissent pas leur futur, et celui-ci ignore si sa fiancée est laide ou jolie. La femme n’apporte point de dot ; c’est, au contraire, le mari qui est obligé de payer une certaine somme aux parents de la fille. Cet argent sert ordinairement à acheter le trousseau ; le mari leur donne, en outre, quelques pièces de soie, du moins c’est la coutume dans les riches familles, et il fait présent à sa fiancée de bracelets et d’autres bijoux. Quand les conditions sont arrêtées, les parents de chaque famille s’assemblent dans la salle des ancêtres, qui se trouve dans toutes les maisons de la Chine. Le père découvre les tablettes sacrées qui y sont en dépôt, et qui contiennent les noms de ses ancêtres jusqu’à la quatrième génération. Il se prosterne avec respect et brûle des parfums en invoquant les âmes des aïeux, puis il fait part à ces ombres si chères du mariage qui se projette. Il lit à haute voix les principaux articles écrits en lettres d’or sur un papier ; cette feuille est brûlée ensuite sur le réchaud à parfums, et l’assemblée se retire. Les parents de la jeune fille fixent eux-mêmes le jour du mariage ; et, dès qu’ils ont reçu la dot ils conduisent leur enfant à la maison de l’époux dans une litière bien fermée.

Le mari ouvre lui-même la porte de la litière, et voit alors sa femme pour la première fois. Il la prend par la main, et la mène dans une salle où un repas a été préparé pour eux sur une petite table ; les autres convives se rendent, dans d’autres chambres. Avant de s’asseoir, les nouveaux mariés se lavent les mains en se tournant le dos, de manière que l’un regarde le nord et l’autre le midi ; ensuite la mariée fait quatre révérences à son époux, qui lui