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au moindre vent, ces colonnades sculptées avec un art inouï, vous étonnent et vous égaient en même temps. Cette élégance ne manque pas cependant de simplicité, et les palais même des mandarins se distinguent plus par leur étendue que par leur magnificence ; les Chinois réservent pour les monuments d’utilité publique toutes les splendeurs du luxe. L’intérieur des maisons bourgeoises n’est point encombré de meubles ; on n’y trouve ordinairement que des paravents, des tables, des chaises de bois ou de corne, des vases de porcelaine, de grandes lanternes de soie peintes de différentes couleurs et suspendues au plancher en forme de lustres, enfin quelques cadres de satin blanc, sur lesquels sont écrits en gros caractères des préceptes de morale tirés des livres sacrés. Les lits sont, décorés avec luxe et couverts souvent de riches étoiles, mais on ne les aperçoit pas ; les Chinois trouveraient fort, inconvenant de faire entrer un étranger dans la chambre à coucher. Les appartements n’ont point de cheminées ; on ne se sert dans ce pays que de fourneaux de briques, et on brûle du charbon de bois ou de terre.

Ce qui frappe l’attention dans toutes les villes chinoises, et sur tout a Pékin, c’est la multitude des pagodes ou temples, dont les toits vernis s’élèvent, bien au-dessus des maisons ; on en rencontre à chaque pas, et les portes même des villes en sont surmontées. Tous les carrefours sont occupés par des arcs de triomphe, qu’on appelle pay-leou. Ces monuments sont d’autant plus nombreux, qu’on ne les élève pas seulement pour rappeler un grand événement politique ; le plus souvent ils rappellent la mémoire d’un homme obscur, mais distingué par ses vertus, ou d’un riche mandarin qui a fait construire à ses frais un pont ou quelque autre monument d’utilité publique. Les pay-leou. formés de trois portes à colonnes qui supportent une immense frise, sont couverts d’inscriptions et d’ornements travaillés à jour : j’en ai vu de fort, remarquables.