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d’entrée ; celle du milieu ne s’ouvre que dans les grandes occasions ou pour recevoir les hôtes illustres, tandis que les autres, plus petites, sont pour l’usage journalier ; elles sont ornées, des deux côtés, de lanternes portant le nom et le titre du propriétaire. La principale pièce, après celle d’entrée, sert à recevoir les visiteurs qui ne pénètrent pas souvent dans les autres appartements. Les plus grandes maisons chinoises ont rarement d’autre escalier que les quelques marches qui les élèvent au-dessus du niveau du sol. J’ai vu cependant, plusieurs maisons de gros marchands ayant un étage au-dessus du rez-de-chaussée, ou une plate-forme en bois établie sur le toit pour y prendre le frais ou y faire sécher les marchandises.

Malgré le dire de certains écrivains, mon cher ami, les habitations chinoises sont assez solidement construites ; presque toutes les fondations sont en granit. La charpente est en bois, les murailles en briques bleues, et souvent décorées d’ornements en stuc. On ne bâtit pas en pierre, et la raison en est, je crois, que le climat s’oppose à l’emploi de cette sorte de matériaux. Le toit, ou plutôt le double toit, qui repose sur des colonnes en bois, et non sur les murailles, a la forme d’une tente ou pavillon en tente ; il est revêtu de tuiles creuses et vernissées. Les bois employés pour ces constructions sont le bambou, le bois de fer (tie-li-mu), et le nan-mu, qui passe pour incorruptible : « Lorsqu’on veut bâtir pour l’éternité, me dit mon guide avec une certaine emphase, il faut se servir du nan-mu. »

Quiconque n’a point vu une ville ou un village chinois, ne peut se figurer l’air de fête que présentent ces habitations si légères, si coquettes : les bourgades hollandaises ne peuvent leur être comparées. Ces doubles toits vernis qui étincellent aux feux du soleil, ces murs, ces portiques diaprés de mille couleurs, ces pavillons élancés dans les airs, et dont les mille clochettes s’agitent