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des voyageurs. Il existe en Chine une infinité de ces tours, improprement appelées pagodes par les Européens, et dont le véritable nom est Ta. Les savants n’ont pu expliquer leur destination, mais il est évident, que ces singuliers édifices se rattachent au culte. La tour de porcelaine, qui doit son nom aux plaques et aux tuiles de porcelaine qui la revêtent, est octogone et construite en maçonnerie ; elle est isolée au milieu d’une vaste enceinte carrée, entourée de portiques. Ce beau monument a onze étages ; son diamètre est de treize mètres trente centimètres a sa base, sa hauteur totale de soixante-dix mètres. Un escalier en spirale bâti dans la partie solide du mur qui entoure un espace vide s’élève jusqu’au sommet ; aux côtés de cet escalier sont des images du dieu Fo ou Boudha et de la déesse Kouan-Yin, divinité adorée des femmes, qui fait attention aux cris des mortels et vient à leur secours. À chacun des angles extérieurs des onze toits pend une clochette de cuivre que le moindre vent fait résonner. Le comble est admirable ; c’est une espèce de mât dont la racine tient au plancher du huitième étage et qui s’élève fort au-dessus du couronnement ; sur sa pointe est un immense globe doré.

Après avoir quitté la province de Kiang-nan, la plus riche de l’Empire, j’ai traversé celle de Chan-tong qui pourrait s’appeler le jardin fruitier de la Chine. La fertilité de son terroir, les canaux qui coupent en tous sens le pays, les quais et surtout les ponts m’ont frappé d’admiration. Dans ce dernier genre d’architecture, les Chinois ont surpassé tous les peuples. Enfin, après bien des fatigues et mille contrariétés dont je vous épargne le tableau, je suis entré dans la province du Pe-tche-li, dont la ville principale est, comme vous le savez, Pékin, capitale de tout l’Empire. Le climat y est tempéré ; le pays est plat et bien cultivé ; les routes y sont mieux entretenues que dans les autres provinces ; elles sont fort, larges, et on trouve d’espace en espace des espèces d’asiles où