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sa force. Maintenant je suis fâché de n’avoir pas été à l’école… Raconte-moi donc quelque histoire.

— Eh ! je n’en sais pas, reprit Fou-Yue. Bon ! voilà mon papillon qui s’envole.

Et les deux écoliers, gardant le silence, réfléchissaient avec dépit à quoi ils passeraient le temps, lorsqu’une voix grave se fit entendre derrière eux. Ils se retournèrent, et virent le vieux bonze, qui, caché derrière un gros arbre, avait entendu leur conversation :

— Enfants, leur dit-il, vous avez manqué à votre devoir en n’allant pas à l’école ; le châtiment ne s’est pas fait attendre. Vous mourez d’ennui ; et, sans oser l’avouer, vous aimeriez mieux être auprès du maître qu’ainsi livrés à vous-mêmes. Allons, rassurez-vous, continua-t-il en les voyant tout interdits, je ne viens pas vous faire de reproches ; je vais, au contraire, essayer de mettre un terme à votre ennui en racontant une légende de mon pays.

Fou-Yue et Pi-Kan s’inclinèrent devant le vieillard, et croisèrent les bras sur leur poitrine en signe de respect ; puis ils s’assirent à ses côtés, et écoutèrent avec attention :


Les aventures du prince Della.


« Il y avait, une fois un prince indien, nommé Della, futur héritier d’un grand royaume que son père gouvernait depuis longtemps avec autant de sagesse que d’habileté. Jeune, beau, spirituel, Della menait une vie pleine de plaisirs et de séductions sans songer aux importantes fonctions qu’il devait remplir un jour. En vain son père lui faisait-il de tendres reproches sur sa paresse et sa dissipation, le jeune homme montrait la plus grande aversion pour le travail, et ne comptait que sur les heureuses dispositions dont l’avait doué la nature : « À quoi bon, se disait-il, passer mes belles années dans l’étude ? Lorsque je serai monté sur