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teurs. Les enfants du voisinage n’étaient pas les moins empressés à parcourir les délicieux environs du temple, dénichant des oiseaux, cueillant des li-tchi et des tse-tse, espèces de dattes et de figues, ou coupant des cannes de bambou. Lorsque le temps était beau, lorsque les premiers rayons d’un soleil brûlant annonçaient le retour de l’été, les bois étaient envahis par des bandes de garnements qui oubliaient le chemin de l’instituteur : en Chine, comme en Europe, l’école buissonnière a toujours été de la part des enfants l’objet d’une prédilection particulière.

C’était par une belle matinée du mois de juillet que deux jeunes enfants de huit à dix ans, Fou-Yue et Pi-Kan, couraient auprès de la pagode, bien décidés à ne pas se rendre à l’école. Le premier venait de s’emparer d’un de ces superbes papillons qu’on ne trouve qu’en Chine. Fatigué d’une longue course, il alla se reposer auprès de son camarade, qui s’amusait gravement à prendre des sauterelles, qu’il mettait dans une boîte de carton.

— N’est-ce pas ? dit Fou-Yue ; il est bien plus amusant de courir après des papillons que d’écouter la leçon du maître.

— Oui, répondit l’autre vaurien ; mais j’ai peur que ma mère ne s’en aperçoive. Il y a huit jours, j’ai déjà fait une absence, et le maître m’a menacé d’en parler à la maison.

— Bah ! nous dirons que nous avons été malades. En attendant, amusons-nous. Qu’allons-nous faire ?

— Si nous cueillions des fleurs ? Il y en a de si jolies au bord du lac.

— Mais comment rapporter les bouquets ? Ta mère verrait bien que nous ne venons pas de l’école.

— Eh bien ! allons à la pêche.

— Nous n’avons pas de ligne, et puis cela m’ennuie. Les poissons se moquent de moi ; jamais ils ne se laissent prendre.

— Alors, à quoi veux-tu t’amuser ? dit Pi-Kan en baillant de toute