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mité d’un bambou et piquaient le pauvre volatile dont les cris et les convulsions excitaient la gaîté de ces petits barbares. Se faisant jour à travers le cercle, Tchoung-ni délivra la poule de ses liens, la mit en liberté, puis se tournant vers ses camarades stupéfaits, il leur reprocha leur inhumanité.

— Que vous a fait cette pauvre bête, s’écria-t-il, et que dirait l’un de vous si un élève plus vigoureux l’attachait à ce pieu et s’amusait à le piquer ? Sont-ce là des divertissements dignes d’enfants bien élevés ? Ah ! quelle serait la douleur de notre bon maître, s’il apprenait que ses élèves, loin de profiter de ses conseils et de l’étude des anciens sages, partagent les goûts brutaux et cruels de la plus vile populace !

Les enfants, tout confus, baissèrent la tête, et témoignèrent par leur silence combien étaient justes les reproches de leur condisciple. L’un d’eux, cependant, se hasarda à prendre la parole :

— Nous ne pensions pas mal faire, dit-il ; c’était seulement pour nous divertir un moment.

— Triste excuse ! reprit Tchoung-ni. Eh quoi ! pour passer le temps d’une récréation, vous ne trouvez d’autre moyen que de faire souffrir lâchement un être chétif et sans défense ! Le Souverain céleste a créé les animaux pour orner et animer la terre, pour servir à notre nourriture, et non à de cruels divertissements. Vous ne savez comment vous amuser ? Eh bien ! je vais vous indiquer des jeux que l’humanité ne réprouve pas, et qui nous instruiront en même temps.

Un cri de joie partit aussitôt de tous les rangs de la petite assemblée, et le jeune philosophe, monté sur un banc de gazon, expliqua son projet en ces termes, au milieu du plus profond silence :

— Le maître, dit-il, nous raconte et nous explique chaque jour les beaux traits de l’histoire ancienne et les cérémonies con-