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foule, et, suivant l’expression chinoise, ne sont pas hommes. On va voir combien sont difficiles ces examens et quel travail ils demandent. « Tout lettré qui aspire aux grades, c’est-à-dire aux emplois, doit prendre pour texte de ses travaux des ouvrages dont l’ensemble est environ six fois plus volumineux que notre code civil. Il faut qu’il sache les lire couramment, par conséquent qu’il en connaisse tous les caractères ; qu’il soit en état d’expliquer chaque mot, d’en assigner la valeur, de remonter à son origine ; qu’il puisse indiquer les passages parallèles, comme disent les savants, c’est-à-dire les différentes manières dont la même pensée a pu être exprimée ; qu’il ne se montre pas moins au fait des choses que des mots ; qu’il ait des notions exactes sur les animaux, les plantes, les instruments, les meubles, les arts, les usages, les lois dont il est parlé dans ces livres anciens ; qu’il soit enfin capable de récrire en entier le texte de ces mêmes ouvrages, en tournant le dos au livre (c’est l’expression consacrée), et de répondre par écrit et en bon style à toutes les difficultés qu’on peut proposer sur un endroit quelconque, pris au hasard. Voilà, en général, le sujet de ces compositions, dont on parle si souvent dans les relations, et qui occupent les lettrés toute leur vie[1]. »

Le premier examen, appelé soui-kao, qui confère le grade de sieou-tsaï, bachelier, porte sur les principaux objets dont se compose l’instruction primaire : La morale ; la langue chinoise, comprenant le kou-wen ou style antique, et le kouan-hoa, la langue commune ; la lecture, l’écriture ; l’interprétation exacte des quatre livres classiques (ssé-chou), c’est-à-dire des ouvrages de Confucius et du philosophe Meng-tseu ; l’art de la composition en kou-wen et kouan-hoa ; les rites et le chant. Les candidats se réunissent dans un des collèges des principales villes de l’Empire et passent leur examen

  1. Rémusat, Mémoires.