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AVERTISSEMENT.

muscles profonds que les muscles superficiels, ce qui est en somme assez logique, mais ce qu’on ne trouve généralement pas dans les planches d’anatomie artistique qui se contentent de reproduire ces derniers.

Les premières figures sont consacrées aux muscles les plus profonds, ceux qui reposent directement sur le squelette ; viennent ensuite les couches moyennes, en progressant méthodiquement jusqu’aux muscles de la surface. Le lecteur voit ainsi le squelette s’habiller pour ainsi dire de ses revêtements musculaires successifs, et du centre jusqu’à la périphérie, rien ne lui est plus inconnu de ce qui constitue véritablement la masse du corps, et par suite contribue à lui donner la forme qui lui est propre. Alors l’écorché superficiel ne cache plus de mystères ; préparé par les figures qui ont précédé, il apparaît comme la conclusion naturelle et logique de toute la myologie. J’ajouterai que si les muscles profonds n’ont pas une influence directe sur les accidents de la surface extérieure, ils interviennent au même degré que les muscles superficiels dans les différents mouvements, et que par suite leur rôle physiologique ne saurait être méconnu.

Dans le texte qui accompagne la myologie, chaque muscle, d’après le plan que je viens d’indiquer, est décrit isolément avec ses insertions précises, sa forme, son volume, en même temps que la part qui lui revient dans la conformation extérieure des parties est minutieusement indiquée.

Ainsi comprise, la partie anatomique de cet ouvrage contient déjà de nombreuses indications sur la raison des formes extérieures. Mais, ainsi que je l’ai déjà dit, elle ne constitue que la moitié de la tâche qui nous incombe. Elle est l’analyse de la « forme » dont il est nécessaire dans une seconde partie de reconstituer la synthèse.

Cette seconde partie a été conçue d’après des principes dont je crois utile de dire quelques mots. Je suis de ceux qui pensent que la science n’a rien à apprendre à l’artiste sur la direction d’une ligne, sur l’aspect extérieur d’une surface. L’artiste digne de ce nom est particulièrement doué pour saisir d’emblée et sans intermédiaire la forme elle-même, pour la voir, la juger et ensuite l’interpréter. J’ajouterai même qu’il en est de la forme comme des couleurs ; elle est loin d’être une et la même pour tous. Chaque artiste, selon son tempérament, en a une vision qui lui est propre. Ce n’est donc point dans des productions littéraires, sur les belles surfaces les lignes majestueuses et les contours voluptueux que l’artiste trouvera ce qu’il demande à l’anatomie.