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MES PARADIS

Vous conservant comme dans les arômes
D’une incorruptible liqueur
Pour faire un peu revivre aux yeux de ma rancœur
Vos faces de fantômes.

Mais à l’heure où je vous perdis,
Oh ! la plus solennelle entre les solennelles !
Les mots silencieux que vos troubles prunelles
Mystérieusement ont dits
Aux miennes se fondant en elles,
Sont restés lumineux dans mes yeux agrandis
Comme les drapeaux brandis
Des charités fraternelles.

Car ils disaient, tristes éperdument :
« Tu connaîtras aussi le hideux dénouement.
« Tu seras ce que nous sommes,
« Un vague lumignon fumant
« Qui va s’éteindre comme on le vit s’allumant
« Sans savoir pourquoi ni comment.
« Conquiers de la gloire ou gagne des sommes,
« Il faudra tout quitter, quitter absolument,
« En t’endormant
« De ce dernier des sommes.
« Et tu n’auras plus rien au lugubre moment,
« Que ceci seulement,