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LES ÎLES D’OR


XLVII


Quel hiver peut faner vos rosiers remontants,
Quand sa neige serait la neige des cent ans,
Ô frais avrils toujours avrils, Lettres divines
Par qui même un front nu creusé d’âpres ravines
Est un parterre en fleurs, un champ lourd de moissons,
Un bois féerique plein des plus folles chansons,
Une riche cité débordante de foule,
Un océan roulant des trésors dans sa houle,
Un firmament criblé d’astres, un univers !
Sait-on quel âge on a quand on lit de beaux vers,
Qu’on étudie avec les savants et les sages ?
Ce n’est pas quarante ans, ni cent, c’est tous les âges.
Ou plutôt ce n’en est aucun ; car les instants
Y sont de tous les temps ensemble et hors du temps.