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LES ÎLES D’OR



Ce n’est pas non plus un chant d’oiseaux
Au vif gazouillis en allégresse.
C’est comme un soupir qui sur des eaux
Passe et les caresse.

De limpides eaux dont les grands yeux
Sont bordés de cils en folles plantes
Un soupir frôlant ces riens soyeux
De ses ailes lentes !

C’est une harmonie, oh ! J’en suis sûr.
De rythmes, de sons, elle est ourdie.
Mais je ne sais pas comment ni sur
Quelle mélodie.

Il m’est familier, cet air, pourtant.
Je le reconnais. Il est si tendre !
Et je me rappelle, en l’écoutant,
Que j’ai dû l’entendre,

Que j’ai dû l’entendre bien des fois,
Que j’ai bien des fois tendu l’oreille
Pour la percevoir, la vague voix,
La même, pareille.