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LES ÎLES D’OR


XXV


Mais avant celles-là, dont le net souvenir
Est trop solidement empreint, pour s’y ternir,
Aux pages du fidèle album qu’est ma mémoire,
Il en est d’autres, dont, comme une pâle moire,
Le dessin se confond aux veines du papier.
Il faut cligner des yeux et longtemps épier,
Pour que l’on en devine obscurément surgies
Dans un vague brouillard les vagues effigies.
Îles qu’on côtoyait de nuit probablement,
Près desquelles on a jeté l’ancre en dormant,
Ou dont les fleurs, présents de quelque enchanteresse,
Exhalaient si soudaine et si subtile ivresse
Qu’on oubliait d’abord tout, même où l’on était ;
Si bien que le matin, quand elle vous quittait,