Page:Richepin - Mes paradis, 1894, 2e mille.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
MES PARADIS



Nul moi n’a de droits absolus
Sur les autres. Tous sont élus.
Un Paradis, n’y pensons plus !

Un Paradis, où, bien garée
À l’abri de toute marée,
Reste enfin la nef amarrée,

Bonsoir ! Nef de gueux, de bandits,
Ces ports-là te sont interdits.
Non pas un, mais des paradis,

Non toute la paix, mais des trêves,
Voilà ce qu’il faut que tu rêves
Et cherches de grèves en grèves ;

Non le cher pays des aïeux
Auquel partout sous d’autres cieux
On songeait, des pleurs dans les yeux ;

Non plus le pays chimérique,
Eldorado, neuve Amérique,
Où, rois d’un royaume féerique,