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MES PARADIS


LXIV


Soir de Noël. Je meurs de faim. Autrui se gave.
Pourquoi ce vide en moi, cette pléthore en eux ?
Et voici dans mon cœur des ténèbres de cave

Où la haine qui roule et déroule ses nœuds
Rampe en buvant vos sucs, champignons de l’envie
Dont s’érigent soudain les phallus vénéneux.

Jeûne, ma faim ! Mais toi, rage, sois assouvie !
Ô vol ! Crime ! J’ai droit d’assaillir ce passant.
Et je vois, à guetter son ombre poursuivie,

Dans une nuit de fiel un arc-en-ciel de sang.