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thermidor


Pour fraises nous cueillerons
Tes deux lèvres que tu fronces.
Je trouverai des meurons
Sur tes caprices pour ronces.

Le bigarreau se promet
D’être à ton oreille un lobe.
La framboise est au sommet
De tes blancs tétins en globe.

Ces fruits qu’Avril adulait,
Mangeons-les sans défaillance
En les mêlant à du lait
Au fond des plats de faïence.

À l’ombre des frais noyers
Buvons le vin délectable.
Puis à midi, soûls, noyés,
Nous dormirons sous la table.

Et lorsque viendra le soir
Solennel qui nous assomme,
Balancer son encensoir
Sous le nez de notre somme,

Lors, sans vouloir écouter
Quoi que ce soit, quoi qu’on dise,
Recommençons un goûter
D’amoureuse gourmandise.