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Histoire
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nairement plus raisonnable. Plus raisonnable ? ai-je répliqué. Ah ! Madame, le cœur de Sir Charles est au plus un cœur divisé. Jamais le mien n’avoit été à l’épreuve jusqu’à ce moment.

Je ne vous cache aucun de mes foibles, chere Mylady. Ma Tante m’a fait entrer, Sir Charles est venu au-devant de moi ; & de l’air le plus engageant, il m’a menée vers un fauteuil qui se trouvoit vacant entre ma Tante & ma Grand’Mere. Il n’a point remarqué mon émotion, & j’en ai eu plus de facilité à me remettre ; d’autant plus même que de son côté il sembloit être aussi dans quelque petite confusion. Cependantn il s’est assis & sa voix se fortifiant à mesure qu’il parloit, il nous a tenu ce discours.

Jamais, Mesdames, on ne s’est trouvé dans une situation plus singuliere que la mienne. Vous en connoissez le fond ; vous savez quels ont été mes embarras, du côté d’une famille que je dois toujours respecter, du côté d’une personne à qui je dois, pour toute ma vie, la plus parfaite admiration : & vous, Madame (en s’adressant à ma Grand’Mere), vous avez eu la bonté de me faire connoître qu’à mille témoignages d’une vraie grandeur d’ame, Miss Byron joint celui de prendre un tendre intérêt au sort d’une Dame, qui est la Miss Byron d’Italie. Je ne fais point d’excuse pour cette comparaison : mon cœur, j’ose le dire (en s’adressant à moi), égale le vôtre, Mademoiselle, pour la franchise & la bonne foi.