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Histoire

tr’aider s’ils le pouvoient. Cependant M. Deane parieroit tout ce qu’il possede, dit-il, que nous serons satisfaits des excuses de Sir Charles.

Mais convenez, ma chere, que cette visite, quelle qu’elle soit, doit être d’une prodigieuse importance, pour lui avoir fait remettre un engagement que je m’étois flattée qu’il regarderoit comme le premier. Il la traite néanmoins d’impertinente. Au fond ce doit être un accident bien étrange, qui lui attire un obstacle de cette nature, dans une Province où l’on peut dire qu’il est étranger. Cependant nous n’en devons pas être surpris, observe mon Oncle, dans une Hôtellerie où nous avons jugé à propos de l’envoyer.

À présent que j’y pense, j’ai passé toute la nuit derniere dans un trouble extraordinaire, sans pouvoir presque fermer les yeux. Je me suis crue menacée de quelque chose qui pouvoit m’empêcher d’être pour jamais à lui. Mais loin, fâcheux souvenir ! je te chasse de ma mémoire. Cependant lorsque les réalités nous blessent, des ombres prennent officieusement la force de réalités dans notre brûyante imagination.

Ma Grand’Mere, Lucie, Nancy, viennent d’arriver. Que notre aventure cause de chagrin à mes deux Cousines ! Ma Grand’Mere juge favorablement de tout, comme M. Deane. Je me suis dérobée un moment… Mais qu’entends-je ? C’est lui, ma chère,