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Histoire

chere, votre Mari, notre Émilie, & le Docteur Barlet, qui touchez tous de si près à Sir Charles Grandisson, nous vous avons reçus avec ouverture de cœur. En devions-nous moins au Frere ? Oh non ! Mais il semble que l’usage, le tirannique usage, & la crainte des discours du Monde, sur-tout après ce qui m’est arrivé de la part de certains Hommes audacieux & violens, nous obligeoit de lui faire voir… Quoi, ma chere ? de lui faire voir en effet que nous attendions de lui ce que nous ne pouvions attendre de sa Sœur & de son Beau-Frere : & par conséquent, plus nous souhaitions de le voir proche, plus nous devions le tenir éloigné. Quelle déclaration indirecte en sa faveur, s’il y avoit quelque lieu pour lui au moindre doute ! Que ne donnerois-je pas à ce moment, m’a dit ma Tante, pour savoir ce qu’il en pense ?

Mais ma Grand-Mere & mes deux Cousines seront ici à dîner. Je reçois d’elles trois billets de félicitation, où la joie règne, avec toute la tendresse de leur amitié. Nous sommes à présent dans l’attente. Tout le monde s’est levé de grand matin, pour mettre chaque chose dans son plus grand ordre. Ma Tante assure que si c’étoit le Roi qui dût nous faire une visite, elle n’auroit pas un plus grand désir de plaire. Je vais descendre, pour éviter toute apparence d’affectation lorsqu’il arrivera.