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du Chev. Grandisson.

nous a confessé qu’elle s’étoit sentie pressée de parler à Sir Charles, mais qu’elle n’avoit su que lui dire. Nous étions, elle & moi, dans une sorte d’embarras, qui alloit jusqu’à l’inquiétude. Il nous sembloit que quelque chose n’étoit pas bien, & nous n’aurions pu dire ce qui étoit mal. Mais après le départ de Sir Charles, & lorsque nous avions repris nos chaises pour attendre le souper, personne n’a pu dissimuler son mécontentement. Mon Oncle, surtout, a paru de fort mauvaise humeur. Il auroit donné volontiers, nous a-t-il dit, mille guinées pour apprendre le lendemain qu’au-lieu de venir déjeuner ici, Sir Charles eût repris le chemin de Londres.

De mon côté, je n’ai pu supporter ces récriminations, & j’ai demandé la permission de ne pas assister au souper. Je n’étois pas bien, & cette bizarre situation ajoutoit l’inquiétude à mon indisposition ; mêlange, comme j’ai commencé à l’éprouver, qui n’empoisonne que trop nos plus chers contentemens. La Compagnie que j’avois quittée n’étoit pas plus heureuse. On y a poussé les réflexions avec tant de chaleur, que le souper n’a été levé que fort tard, & tel qu’il étoit venu.

Je vous demande, ma chere Mylady, ce que vous croyez que nous eussions dû faire. Avions-nous eu tort ou raison ? Les excès de délicatesse, comme je l’ai entendu observer, méritent le nom opposé. Vous, ma