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Histoire

paroître après toi ! Le sentiment que j’ai de ma petitesse me rend petite en effet.

Fort bien. Mais je juge, que si mon Oncle & Monsieur Deane le rencontrent, ils le forceront de venir ici dès ce soir. N’aura-t-il pas le tems, quand il voudra, d’aller à Northampton ?… Mais le voici, le voici ! Oui, ma chere, c’est lui-même. Mon Oncle est avec lui dans son carrosse. Monsieur Deane, me dit ma Femme de chambre, a déja mis pied à terre. Cette fille adore Sir Charles. Laisse-moi, Sally. Ton émotion, Folle que tu es, augmente celle de ta Maîtresse !

Pour éviter toute apparence d’affectation, je descendois, & j’allois au-devant de lui, lorsque j’ai rencontré mon Oncle sur les dégrés. Chere Niece, m’a-t-il dit, vous n’avez pas rendu justice à Sir Charles. J’aurois cru que dans votre langueur d’amour, (quels termes, ma chere, & sur-tout à ce moment !) vous auriez dû vous sentir plus partiale pour lui. Il m’a pressée d’aller jusqu’à la voiture. Vous êtes fort heureuse, m’a-t-il dit. Pendant l’espace de quinze milles entiers, il n’a parlé que de vous. Je vais vous conduire, je veux vous présenter à lui.

Il n’y avoit pas une demie heure que je m’étois efforcée de rappeler mes esprits. Rien ne déplaît tant, qu’une plaisanterie hors de saison. Me présenter à lui ! ma langueur d’amour ! Ô mon Oncle ! ai-je pensé. Les