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du Chev. Grandisson.

après avoir envoyé leurs portraits à leurs Dames, & s’être mariés par Procureurs, se sont approchés de leurs Frontieres, incognito & sous un déguisement, pour surprendre une jeune & timide Princesse. Mais ici, non-seulement les circonstances sont différentes, puisque l’échange n’est pas encore fait, mais quand il seroit du sang Royal, j’aurois attendu de lui un traitement plus délicat.

À quoi la fierté ne s’abandonne-t-elle pas pour justifier ses caprices ? Je suis coupable, ma chere. Un des gens de Sir Charles vient d’arriver avec un billet pour mon Oncle Selby. Ma Tante n’a pas fait difficulté de l’ouvrir. Il est daté de Stratford. Votre cher Frere, après des complimens & des informations de notre santé, marque à mon Oncle qu’il va coucher cette nuit à Northampton, & qu’il demande la permission de venir déjeûner demain avec nous. Ainsi, ma chere, il n’a pas voulu se donner l’air que mon caprice me faisoit appréhender. Cependant, comme si j’avois été résolue de le trouver en défaut, n’y a-t-il pas ici, ai-je pensé, un peu trop d’appareil pour un caractere si naturel ? ou s’imagine-t-il que nous ne puissions pas survivre à notre surprise, s’il ne nous donnoit pas avis de son arrivée, avant que de nous avoir vus ? Ô Clémentine ! Ange, Déesse, que tu ravales Henriette Byron à ses propres yeux ! Qu’elle craint de