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Histoire

préparoit à dîner, (peut-être aura-t-il dîné dans la même chambre où nous dînâmes aussi) le Fermier a eu la curiosité de demander qui il étoit. Les Domestiques (les plus civils, dit-il, qu’il ait jamais vus) lui ont répondu qu’ils avoient l’honneur d’appartenir à Sir Charles Grandisson ; & leur ayant dit qu’il étoit de Northampton, ils lui ont demandé à quelle distance le Château de Selby étoit de cette Ville. Ses affaires l’ayant obligé de partir, il a rencontré mon Oncle & M. Deane, qui prenoient l’air à cheval. Il leur a parlé de la visite à laquelle ils devoient s’attendre. Mon Oncle nous a dépêché aussi-tôt son Valet avec cette nouvelle, & nous a fait dire qu’il alloit au-devant de Sir Charles pour lui servir de guide jusqu’ici. N’étant pas trop bien auparavant, je me suis trouvée si émue, que ma Tante m’a conseillé de me retirer dans mon Cabinet, pour tranquilliser un peu mes esprits.

C’est de-là que je vous écris, ma chere, & dans ce moment, vous jugez bien qu’il m’est impossible de vous écrire sur un autre sujet. Il me semble qu’en m’amusant avec ma plume, je trouve mon cœur plus facile à gouverner. Il est heureux que nous ayons appris qu’il vient, avant que de l’avoir vu ; mais, en vérité, Sir Charles Grandisson ne devoit pas tenter de nous surprendre. Qu’en direz-vous, ma chere ? N’y trouvez-vous pas l’air d’un homme qui se croit sûr du plaisir qu’il va causer ? J’ai lu que les Princes,