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Histoire

me charger d’un excès d’obligations. Dans quelles crises n’ai-je pas été depuis long-temps ? Quand en verrai-je la fin ?

M. Deane a écrit à Sir Charles ; on ne m’en a pas communiqué le sujet. Si j’étois jamais tentée d’être riche, ce seroit pour l’amour de votre Frere, & dans la seule vue d’agrandir son pouvoir, car je suis convaincue que les soulagemens pour tous les misérables, augmenteroient dans sa sphere, suivant l’étendue de ses facultés.

Ma chere Émilie ! Ah ! Mylady, avez-vous pu croire que ma pitié pour cette aimable Innocente, n’augmenteroit pas l’affection que j’ai pour elle ? Je vous permets de me mépriser, si vous trouvez jamais dans ma conduite pour Émilie, quelle que puisse être ma situation, rien qui marque le moindre relâchement de la tendre amitié que je lui ai promise. Émilie partagera mon bonheur. Je n’ai pas de peine à me persuader que la chere Fille explique fort bien la cause de ses larmes, lorsqu’elle les attribue à l’attendrissement qui lui restoit des remords de sa Mere. Mais je vous avouerai que je ne serois pas moins affligée que Sir Charles, à l’occasion du Comte de Belvedere, si mon bonheur étoit un obstacle à celui d’autrui. Vous voyez que ce n’est pas la faute de votre Frere s’il n’est pas le Mari de Clémentine, elle souhaite qu’il épouse une Angloise. Olivia ne peut m’accuser non plus d’avoir fait manquer ses espérances : vous savez qu’elle