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du Chev. Grandisson.

n’y ait lancé au moment du récit son dard par un des angles, & que ce ne soit l’étrange avanture, comme elle l’appelle, qui lui a fait trouver tout d’un coup du soulagement dans ses larmes. Ce que je sais, ma chere, c’est qu’on peut être différemment affecté du même événement, lorsqu’il est regardé de près ou de loin. Si vous n’éprouvez pas déja la vérité de cette observation dans le grand événement qui se prépare pour vous, je suis fort trompée.

Mais vous voyez, Henriette, quelle joie l’heureuse déclaration de mon Frere, & le favorable accueil qu’elle a reçu en Northampthon-Shire, nous inspire à tous. Nous garderons votre secret jusqu’à la fin, n’en doutez pas ; & mon Frere alors en sera informé comme nous. Jusqu’à ce moment, quelque idée qu’il ait de vous, il ne connoîtra point la moitié de vos perfections, ni le mérite que votre amour & vos doutes vous ont fait auprès de lui.

Mais je languis avec vous, pour l’arrivée des premieres Lettres d’Italie. Fasse le Ciel que Clémentine soit ferme dans sa résolution ! À présent que le mariage, comme elle doit le reconnoître, devient inévitable pour elle, s’il lui arrivoit de se relâcher, quel événement pour mon Frere, pour elle-même & pour vous ? Et nous, quelle seroit notre affliction ? Vous croyez que, par respect pour ses Parens, l’illustre Italienne est obligée de se marier. Mylady L… & moi, nous som-